MEMOIRES DU KHANGUET

Pourquoi choisir de vous proposer en premier les souvenirs des tunisiens avec qui nos parents ont eu des relations profondes ? Parce que, eux sont restés sur la rive sud de la Méditerranée et qu’ils n’ont plus été présents dans notre vie quotidienne ou dans les engagements professionnels et sociaux de notre famille après. Le lien avec les autres, cousins ou amis, a continué à être incarné sur la rive nord, en France, vous avez pu les voir par vous-mêmes.

Puisque je vous parle du quotidien, c’est FATMA qui est là, présente. Elle était la cuisinière, depuis combien de temps ? Je ne sais pas quand elle a commencé son service à Sidi Salem, sans doute avant la guerre ( un temps que les trois auteurs de ces souvenirs n’ont pas connu. Cette interrogation me fait prendre conscience que nous sommes vraiment « les petits » de cette fratrie, ceux qui ont été enfants au Khanguet après la guerre. Un jour j’y reviendrai.)
Elle arrivait le matin de bonheur, venant de la ferme distante de cinq cents mètres de la maison. Son mari Belkacem y était garçon d’écurie, en charge donc des chevaux de selle de Pierre et François – Eclair et Corsaire – et aussi des chevaux d’attelage. J’ai souvenir de Mimine m’emmenant à la messe à Grombalia ou dans les vignes dans une voiture à cheval légère qu’elle conduisait elle-même. Belkacem était originaire du Fezzan, la région semi désertique à la frontière entre le sud de la Tunisie et la Lybie. Il était le deuxième mari de Fatma, du premier elle avait eu Saïda, douce et posée, qui assurait le service de table à la maison. Fatma a eu un grand nombre d’enfants de ses deux maris et du chef de la tribu des Haouass, (Amor ?)  un très bel homme, intelligent, responsable, contremaître de la propriété. ( tout le monde le savait mais ce n’était pas officiel, belle occasion de rappeler combien nos parents ne pratiquaient pas les ragots par respect des réalités comme des personnes). Certains des enfants de Fatma étaient très intelligents, en particulier Chedli qui était au lycée en 1961. Maman avait demandé à Michel et moi de l’aider, Michel en maths bien sur et moi en français. Par la suite il a fait en France une école d’application de l’X, école de géomètres, il a épousé Nicole, la fille d’un gendarme français, il a choisi de revenir en Tunisie pour servir le développement de son pays et il y a fait une très belle carrière, mais pas facile inscrite dans les réalités politiques tunisiennes. Ses nombreux témoignages d’affection et de reconnaissance pour les parents se retrouvent dans des documents que Christine ou Paul détiennent. Maman a été intimement réconfortée par ce contact maintenu avec Fatma, son amie qui ne pouvait ni lire ni écrire, seulement se souvenir.

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